A comme Antonio

En avril 2006 j’ai eu l’occasion d’aller sur les terres de mes ancêtres catalans avec mes parents. A cette occasion j’ai retrouvé de la famille, pas si éloignée et ce dès le lendemain de notre arrivée.

Dès que la cousine Anita nous a vus et a compris qui nous étions elle a pleuré, nous a serré dans ses bras et puis les photos ont été sorties. Quelle ne fut ma surprise de voir des photos du mariage de mes parents ou de mes frères et moi enfant. Anita, qui était la cousine de mon grand-père était restée en contact avec lui jusque dans les années 80, sans que nous le sachions.

Et puis, dans le tas, elle nous montra la photo des frères Edouard (mon grand-père) et Martí (prononcé Martin en catalan). Et là grande surprise. Mon grand-père avait bien un frère, Antonio, né en Espagne et qui est arrivé en France enfant. Ce grand-oncle n’a pas eu de descendants et j’avais assez peu d’information à son sujet. Entre autre je n’avais pas trouvé de dossier de naturalisation, bien qu’il soit décédé Français.

Quand nous avons vu cette photo, de deux frères, jeunes, j’ai eu du mal à reconnaître mon grand-père, et je n’avais aucune idée de qui était ce frère. Toutes les théories y sont passées: un troisième frère, resté en Espagne, et décédé jeune, un demi-frère, un lien perdu à cause de la guerre d’Espagne…

Mais Anita nous assure alors qu’Edouard n’a eu qu’un seul frère, Antonio donc. Tous les documents familiaux  retrouvés en France indiquent ce seul prénom et nous n’avons aucun acte officiel français le concernant, et sur la photo les prénoms sont indiqués, ce n’est donc pas une mémoire qui flanche.

Nous repartons avec l’idée qu’il faut trouver des actes pour confirmer la bonne histoire…

Et puis quelques jours plus tard nous rencontrons Rosa. Elle reconnaît tout de suite mon père et l’appelle par son diminutif. C’est une cousine maternelle de mon grand-père, donc forcément la question nous taraude tellement que nous lui demandons si elle connaît ce frère Martí. Et dans un sourire elle nous explique que le problème d’identité est lié au système scolaire français.

Quand mes arrières-grands-parents arrivent à Paris en 1915, ils ont déjà un enfant Martí et peu de mois après mon grand-père Edouard nait. Le grand frère est le premier à aller à l’école. Et l’école décide de renommer l’enfant. Pourquoi? Ils estiment que Martin n’est pas un prénom au vu du patronyme. Et oui le nom de famille de mes arrières-grands-parents est  Martí:-) donc Martin Marti cela ne le fait pas. Quel est donc le second prénom de cet enfant, pour qu’on puisse le lui donner? Casimiro. Mais ce n’est pas possible non plus pour l’école car c’est le prénom de son père. Comme si c’était quelque chose d’inédit en France! Au vu des prénoms dans ma famille maternelle j’ai comme un doute, mais bon, mes arrières-grands-parents ne parlant pas français, je suppose qu’ils n’ont pas vraiment eu le choix. Heureusement l’enfant a un troisième prénom, et vous avez deviné, il s’agit d’Antonio. 

C’est ainsi que de retour en France j’ai pu retrouver Antonio, car si l’école avait changé son prénom et que celui-ci était devenu son prénom usuel, l’administration française lui a bien conservé ses prénoms d’origine. Cependant lors de sa naturalisation en 1931 il a francisé les deux premiers prénoms.

Antonio, est né le 9 mai 1910 à Arbos-del-Penedès en tant que Martí Casimiro Antonio Martí. Lors de son service militaire en 1932, on constate que ses prénoms sont désormais Martin Casimir Antonio.

Fiche matricule de Antonio Marti – D4R1 3108 – Matricule 3108 © Archives de Paris

Lors de son décès à Angers, ses prénoms ne sont pas si différents mais orthographiés différemment: Martin Casimire Antonie MARTI.

Antonio aura donc un seul prénom usuel, mais quelques variantes dans le prénom officiel. En tant que tel, me direz-vous, peu importe c’est courant. Certes mais cela complexifie la recherche, car le nom de famille est courant, et sans le prénom exacte il est souvent difficile, voire impossible, de trouver le dossier ou l’acte. Heureusement que la mémoire des anciens peut aider.

Un grand merci à Anita et Rosa, aujourd’hui disparues, qui m’ont permis de retrouver ce grand oncle.

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